Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Agence Picardie Presse
9 décembre 2006

Dominique de Villepin annonce la mise en place du nouveau permis de voter

PARIS, 29 novembre 2006 — Le Premier Ministre Dominique de Villepin a confirmé hier à la presse la mise en place d’un « permis de voter », une initiative qui a fait couler beaucoup d’encre aussi bien dans notre pays qu’à l’étranger.

Ce permis de voter, conçu sur le modèle du permis de conduire, vise à sanctionner les comportements électoraux déviants. Chaque électeur se verra attribuer un permis de voter doté de 12 points, à l’exception des personnes n’ayant jamais exercé leur droit de vote. Ces dernières ne disposeront que de 6 points durant les trois premières années de leur vie politique (durée ramenée à deux ans pour les jeunes ayant suivi un AAP – Apprentissage Accompagné de la Politique.)

D’après le gouvernement, la loi portant création d’un permis de voter a pour double-vocation de favoriser la stabilité politique en France et d’empêcher l’arrivée au pouvoir des partis extrémistes, tels que le Front national ou l’Union pour la démocratie française. Concrètement, tout électeur ne votant pas pour le parti au pouvoir se verra retiré trois points à son permis de voter ; arrivé à un capital de 0 points ou moins, ce dernier lui sera retiré définitivement.

Une mesure qui, il fallait s’y attendre, n’a pas manqué de soulever un tollé parmi les représentants de l’opposition. « C’est inadmissible, dénonce François Hollande, secrétaire général du Parti socialiste. Dominique de Villepin n’hésite pas à s’en prendre aux droits fondamentaux de nos concitoyens pour s’assurer de la victoire aux élections de 2007. »

« Cette mesure en dit long sur la confiance que M. de Villepin accorde à l’électorat, persifle Laurent Fabius, autre poids lourd du PS. Il témoigne du machiavélisme d’un despote impopulaire qui fait tout pour s’accrocher au pouvoir, y compris violer les règles les plus élémentaires du système démocratique. »

france_FABIUS

« Évidemment, l’adoption de cette loi n’est pas sans poser un certain nombre de problèmes d’ordre juridique, admet Pierre Mazeaud, président du Conseil constitutionnel depuis 1998. Sans l’abolir explicitement, elle met fin au vote à bulletin secret, qui est au fondement de toute démocratie moderne. »

« Cela dit, il faut relativiser son impact, nuance-t-il en tapotant gentiment l’épaule de notre reporter. Il faut tout de même voter quatre fois à gauche ou à l’extrême-droite pour que le droit de vote vous soit retiré : autant dire que la loi ne sanctionne que les idéologues fous et les irresponsables. »

« Enfin et surtout, conclut-il avant de s’en retourner chez lui, elle ne vise ni plus ni moins qu’à la sauvegarde de la République, dans la mesure où elle diminue fortement l’impact de partis comme le Front national ou la Ligue communiste révolutionnaire, dont l’influence, on le sait, est grandissante chez les jeunes. »

« Il est vrai que Dominique a gardé une dent contre les jeunes, déclare un collaborateur du Premier Ministre, sous couvert d’anonymat. Mais sa décision de n’accorder que six points aux nouveaux électeurs n’est pas une vengeance contre les anti-CPE. Il s’agit plus, à mon avis, d’un moyen de pousser la jeunesse à voter pour le parti gouvernemental, plutôt que pour des partis démagogiques dont l’accession au pouvoir ruinerait la France. »

« C’est également à cette fin que le Premier Ministre a mis en place la procédure AAP d’Apprentissage Accompagné de la Politique, d’une durée de un an avant l’obtention du droit de vote. » déclare Bernard Pignerol, rapporteur général adjoint au Conseil d’État et ami personnel du ministre.

« Il s’agit, explique-t-il, de faire encadrer le développement de la conscience politique des jeunes par des hommes et des femmes expérimentés, pour la plupart cadres du parti au pouvoir et par conséquent extrêmement conscients de la nécessité pour un pays comme la France de bénéficier de politiques menées sur la durée. »

« Je constate avec plaisir que le gouvernement actuel s’est rangé à l’idée selon laquelle le pouvoir politique doit se caractériser par sa continuité, se félicite sur son blog l’intellectuel royaliste Hilaire de Crémiers, président de la Restauration nationale. Verra-t-on la Gueuse se muer en monarchie ? »

« Il faut tout de même relativiser, se défend Dominique de Villepin dans une interview au Figaro. Après tout, je n’interdis pas aux gens de voter pour d’autres que moi, je ne fais que les en dissuader, dans leur propre intérêt d’ailleurs. Le régime de notre pays est et demeure républicain. »

villepin_1

Il n’empêche que la mise en circulation de permis de voter est une première dans l’Histoire politique de notre pays. « La situation m’inquiète, avoue Frédéric Pignelli, homme de la rue. Cette histoire de permis de voter n’est pas une mauvaise mesure en soi, et je suis un fidèle partisan du Premier Ministre. Mais imaginez qu’un autre que lui accède à la présidence et retourner cette mesure contre lui ? »

Des craintes légitimes, mais infondées, selon Didier Lombard, haut fonctionnaire chargé de superviser les prochaines élections présidentielles.

« L’opinion se focalise sur l’article premier de la nouvelle loi, qui porte création de ce fameux permis de voter. Mais elle oublie les mesures accompagnatrices, qui figurent dans les articles suivants de la loi et visent justement à inciter les gens à suivre la logique du permis de voter. »

Outre la mise en place de l’AAP évoquée plus haut, ces mesures concernent entre autres la diffusion d’un spot télévisé conservateur, le versement de pots-de-vin aux maires pour qu’ils ne parrainent pas les concurrents de M. de Villepin et la pose de panneaux de signalisation dans les isoloirs des communes traditionnellement à gauche, enjoignant aux électeurs de « virer à droite. »

De notre correspondant à Paris, Childéric Wilson.

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité