Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Agence Picardie Presse
9 décembre 2006

Dominique de Villepin annonce son plan de bataille pour l'emploi

PARIS, 25/11/2006 — Le Premier Ministre Dominique de Villepin a rencontré hier les représentants des principales organisations syndicales et patronales du pays, afin de débattre du volet « emploi » de son projet de relance de l’économie.

« Je suis assez content de moi. » se félicite le chef du gouvernement au sortir de la réunion. « Nous avons su éviter la confrontation stérile pour examiner en détail les solutions dont notre pays a besoin. »


villepin3

Jean-Michel Lapoutre, représentant de la Fédération Intersyndicale Rénovée (FIR), une organisation proche du Parti socialiste, témoigne de son accord avec M. De Villepin. « Si le gouvernement tient ses promesses – et nous veillerons à ce qu’il les tienne – le chômage devrait baisser de façon importante et durable dans les mois qui viennent. »

Il est vrai que le Premier Ministre a su concilier à la fois les intérêts du patronat et des ouvriers. Un pari difficile à notre époque de crispation sociale, où il est si tentant pour les gouvernements de s’appuyer sur une fraction de la société pour mieux en accabler une autre.

La principale mesure de la stratégie du gouvernement contre le chômage porte sur la cryogénisation massive et systématique des chômeurs de longue durée et des RMIstes. Un vaste centre de congélation des personnes doit être construit à partir du mois prochain à Clichy-sous-Bois (93), une commune qui, pour beaucoup, symbolise le malaise économique et social qui touche la France en ce début de vingt-et-unième siècle.

« La cryogénisation des chômeurs peut paraître une décision brutale, admet Fabien Dupuis, sous-secrétaire d’État à la Cohésion sociale. Cependant, c’est la décision la plus rationnelle aux problèmes auxquelles nous devons faire face. Le maintien en hibernation de plusieurs millions de personnes coûtera cher, mais pas autant que le versement mensuel du RMI et des Assedics à ces mêmes personnes. À long terme, les finances de l’État s’en trouveront assainies. »

« Qui plus est, ajoute M. Dupuis avant de nous quitter, il ne faut pas oublier que c’est parmi les chômeurs et les RMIstes que se recrutent les armées de la délinquance. N’oublions pas non plus l’influence néfaste que ces gens-là pouvaient avoir sur leurs propres enfants : peut-on espérer réussir dans la vie lorsque ses parents ne se lèvent pas le matin pour aller travailler ? »

Sans souscrire à cette analyse, qu’il juge trop « à droite », le syndicaliste Nicolas Delporte se satisfait néanmoins de la décision du gouvernement. « Nous autres, à la CGT, déclare-t-il à notre reporter, on est très attachés au SMIC à 1200 euros, fleuron du modèle social français. Mais avec tous ces chômeurs prêts à travailler pour pas un rond qui frappaient à la porte des entreprises, le salaire minimum était menacé. Donc si vous voulez mon avis, on a bien fait de foutre ces sociaux-traîtres au frigo. »

Au départ sceptique, le patronat a fini par se rallier aux propositions du Premier Ministre. « Le maintien d’un SMIC élevé est un coup dur, explique Cécile Vanhoecken, déléguée du Comité des Forges. Mais c’était le prix à payer pour voir baisser les charges sur les entreprises, lesquelles étaient gravement handicapées par la nécessité de financer des allocations chômage aujourd’hui obsolètes. »

« Qui plus est, ajoute Hubert Hénincard, architecte chargée de la construction du centre de congélation des personnes, tous ces chômeurs congelés constitueront une formidable armée de réserve pour les recruteurs de notre pays. » Chaque chômeur sera placé dans un caisson réfrigérant accessible au public et sur lequel seront inscrits ses nom, prénom, date de naissance et compétences professionnelles. Les directeurs des ressources humaines pourront librement s’y promener et y faire leur choix, en sachant qu’un chômeur pourra être décongelé, utilisé pendant trois mois, puis recongelé.

Avec un projet aussi ambitieux, Dominique de Villepin s’attendait à un tollé de la part de l’opposition, mais les critiques sont pour l’instant plutôt molles. Benoît Delpech, président d’un syndicat étudiant très actif pendant la bataille du CPE, exprime même son « soutien inconditionnel » à la mise en hibernation des chômeurs : « Cette mesure enlève une bonne partie de ses électeurs aux partis d’extrême-droite, et notamment au Front National. Au final, la démocratie s’en trouve renforcée dans notre pays. »

Nicolas Sarkozy, président de l’UMP, un groupuscule politique néolibéral, va jusqu’à qualifier la démarche de « mesurette » : « Il fallait aller plus loin, affirme-t-il dans une interview à L’Express, et congeler les criminels, les intermittents du spectacle et des handicapés mentaux. Cela dit, le gouvernement va dans le bon sens, et il faut s’en féliciter. » 


sarko


L’objecteur le plus tenace du projet est sans doute Michel Erpinsec, président d’Endemol, une société spécialisée dans la conception d’émissions de télé-réalité, dont les pauvres sont si friands. « Si l’Assemblée donne son feu vert à la construction du centre de congélation de Clichy, s’alarme-t-il, notre public se réduira comme peau de chagrin et nous courrons tout droit à notre perte. » Déjà, l’émission Star Academy a été déprogrammée, et doit être remplacée à partir de la semaine prochaine par une série de documentaires destinés à un public « bobo ».

Ce qui n’est pas sans satisfaire les membres des classes supérieures, et ce quel que soit leur bord politique. « Dès lors que le gouvernement prend des mesures allant vers plus de culture, déclare Marie-Louise de Queuille, éditorialiste à Télérama et militante de la Ligue des droits de l’Homme, je ne peux qu’applaudir des deux mains. »

De notre envoyé spécial à Paris, Childéric Wilson.

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité