Le Manifeste du Schmurptzisme
Voici le texte fondateur du mouvement schmurptziste, le prédecesseur et pendant littéraire du Front de Libération des Braves Gens. Rédigé à la hâte par Julien Peltier et votre serviteur à la bibliothèque Jules Verne d'Amiens en octobre 2003, il nous a valu d'être classé aux RG à la suite de son intégration aux statuts de notre asso ! Ce qui prouve bien que l'Etat a peur des indépendantistes picards... Mais, en faisant de nous des martyrs de la liberté, il ne fait que rendre notre cause plus belle et plus attirante aux milliers de Picards qui nous lisent.
Nous sommes les Schmurptzistes, les Chevaliers de l'Innommable, les Carnassiers de la Théorie, les Affamés de Vent, les Vautours de la Pensée, les Flagorneurs et les Destructeurs de tout Idéal, les Felzingueurs du monde.
La vie n'a pas de sens; aucune entité supracosmique n'est là pour nous guider dans les rayons de cet immense supermarché qu'est la vie : les vieux idéaux ont disparu et sans eux l'Homme se sent seul et indigne de la majuscule qu'il donne à son nom. Le sentiment de l'absurde gagne du terrain : il ne nous appartient pas d'ériger une digue contre cette marée - nous ne sommes pas les Réactionnaires de la Signification - mais de lutter contre le Désespoir qu'elle engendre. "La vie prend tout son sens une fois qu'on a compris qu'elle n'en a pas" : cette formule doit jeter aux oubliettes le dégoût engendré par la viduité du monde, ce spleen de pacotille qui passe pour de l'élégance chez Houellebecq et ses semblables. Réjouissons-nous de l'inexistence de lieux d'attache, et, à l'instar des Monty Pythons, élançons-nous joyeusement et sans frémir vers les Océans d'Absurdité, où tous les combats méritent d'être menés puisque c'est dans la lutte elle-même que l'esprit trouve sa satisfaction. "On ne se bat pas dans l'espoir du succès / Non, c'est bien plus beau lorsque c'est inutile" : ces vers de Rostand contiennent en germe toute l'inconscience consciente d'elle-même des Samouraïs du Bananisme. Car le succès signifierait la fin du combat, de la jubilation sauvage qu'il engendre et, à terme, le désoeuvrement, la solitude, la vieillesse, la décrépitude et la mort.
Ce que nous nommons "Bananisme" n'est pas un nouveau Romantisme (il ne s'agitpas de retourner à un "âge d'or de l'enthousiasme" ou à l'exaltation stupide des premiers fidèles de Mussolini), mais un Idéalisme multidirectionnel qui a conscience de la dangereuse idée qu'il aurait de se fxer un but définitif, fût-il inaccessible. Le Bananiste est un Don Quichotte qui sait qu'il est fou mais qui refuse malgré tout de déposer les armes : un Chevalier à la Rieuse Figure qui se prend les moulins en pleine poire avec panache et élégance. Le Bananisme, c'est l'enthousiasme intellectuel, l'illumination religieuse, la poursuite insensée d'objectifs démesurés, la folie guerrière guidée par de grands principes universels ; le Schmurptzisme, c'est l'instant où tous ces rêves se brisent en morceaux, mais d'une façon suffisamment esthétique pour ne pas détourner les spectateurs du chemin de l'hybris. Il ne faut laisser au Bananisme ni le temps de s'essouffler (puisqu'il n'estque souffle sans contenu "objectivement valable"), ni celui de s'ériger en idéologie (toute idéologie est totalitarisante) ; quant au Schmurptzisme, il n'est que la touche de lucidité intellectuelle qui brise à des fins zygomatiques l'élan de la Schwärmerei : si cette touche s'étend à l'ensemble du tableau, alors les illusions qui nous font vivre s'éteignent et l'humanité périt.
Le Conseil Suprême Galactique.