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Agence Picardie Presse
6 décembre 2007

Xavier Bertrand annonce la création d'un Ministère de la Grève

PARIS, 18 novembre 2007 - À l’occasion de son allocution bihebdomadaire au peuple, le Ministre de la Cohésionsociale Xavier Bertrand a annoncé hier la création prochaine d’un Ministère de la Grève, comme solution aux problèmes actuels dans les transports. « Il est grand temps de mettre un peu d’ordre dans tout ce chaos. » a-t-il martelé devant le parterre des journalistes. « La grève, c’est un droit, mais faut pas non plus exagérer. »

L’objectif du nouveau Ministère ? Permettre aux gauchistes d’émettre leurs revendications, tout en évitant les débordements. « Il faut mettre fin à l’impunité des casseurs, aux blocages et aux prises en otage systématiques. » résume M. Bertrand. « Désormais, la grève sera étroitement encadrée par l’administration. »

Que prévoit exactement la loi ? Nous avons pu obtenir des éclaircissements de la part de Marcel de Valatte, un proche de François Fillon qui devrait être officiellement nommé Ministre de la Grèvedans les jours à venir.

« C’est très simple, déclare M. de Valatte. À compter de demain matin, les grèves, les manifestations et les autres marques de mécontentement collectif seront interdites pour tous, à l’exception de grévistes professionnels, c’est à dire des fonctionnaires du Ministère de la Grève, payés par l’Etat dans le but spécifique de ne rien faire. »

« Ce qui, entre nous, ne fera guère de différence avec les fonctionnaires classiques. » glisse-t-il avant de s’introduire dans une berline noire aux vitres fumées. 

Pour devenir « gréviste professionnel », il faudra passer un concours de catégorie B (déclamateur de slogans) ou C (porteur de banderoles), les postes de catégorie A (meneur de foules) étant réservés aux anciens syndicalistes et aux diplômés de l’ENA.

La nationalisation des grèves présente, on s’en doute, plusieurs avantages.

Tout d’abord, elle soumet les grèves à l’intérêt général, incarné par le gouvernement élu. On ne verra donc plus de grèves de trains déclenchées par une minorité de syndiqués, à l’encontre d’une majorité d’usagers, ou encore de camions ou de tracteurs bloquant les routes.

Ensuite, elle permet la pacification des manifestations. Les grévistes professionnels suivront une formation spéciale, visant à éviter toute espèce de débordement violent lors des défilés. Des sanctions collectives seront prévues en cas d’excès de zèle.

Enfin, elle autorise une meilleure gestion de la durée et de la date de déclenchement des grèves. Le préfet ayant toute autorité sur le corps de grévistes attaché à son département, il pourra prévoir les dates des mouvements sociaux, ainsi que leur importance, leur motif et leurs lieux, en fonction des besoins du moment. On n’assistera donc plus aux sempiternelles grèves des enseignants en période d’examens, grèves des transporteurs aériens en période de départ en vacances et autres grèves de la RATP en pleine heure de pointe. De la même manière, les grèves des étudiants auront désormais lieu en période de vacances universitaires, et les manifs écologistes auront lieu sur le trottoir, pour ne pas gêner les automobilistes.

Le Ministère de la Grève devrait, à terme, pacifier les rapports de classe et permettre une diminution drastique des mouvements sociaux, puisque désormais leur nombre et leur durée seront déterminés par décrets. « Pour le moment, on reste sur le principe de trente-cinq heures de grève par semaine pour les fonctionnaires de la grève. » explique Xavier Bertrand. « Mais d’ici 2012, on pourra passer aux trente-deux heures, voire aux trente heures. »

Pour une fois, une loi française fait le bonheur de la Commission européenne, toujours prompte à critiquer le manque de volontarisme politique face aux dangers du social-populisme. « C’est un bon début. » admet un technocrate anonyme. « Mais j’ai peur que les syndicats n’en saisissent pas l’intérêt. »

M. Bertrand ne veut pas croire à ce risque. « Les syndicalistes ne sont pas idiots. » a-t-il déclaré en coulisse après son intervention. « Entre le statut précaire qui est le leur, avec la baisse drastique du nombre de militants des organisations syndicales, et le poste de fonctionnaire de la grève que je leur propose, ils n’hésiteront pas une seule seconde. »

Une hypothèse qu’un micro-trottoir, réalisé auprès d’une manif de cheminots lillois, semble confirmer. « Grèviste professionnel, ça m’dirait bien. » commente Géraldine, conductrice de trains inscrite à la CFDT depuis 1982. « J’pourrais me lever à l’heure que j’veux, j’aurais pas à bosser l’dimanche, et pis surtout j’serais payée. »

« J’aurai un plus gros klaxon ! » jubile René, un habitué des manifs. « Et un haut-parleur tout neuf. Forcément, c’est l’État qui paie, alors ils ont les sous, eux. »

De fait, l’État s’est déjà porté acquéreur de cent cinquante hauts parleurs, de vingt mille brins de muguet et de cent mille pancartes sur lesquels on peut lire des slogans polyvalents du type « Mort aux vaches », « Non ! » ou encore « Luttons pour la sauvegarde des droits sociaux dans le calme, la dignité et le respect mutuel. »

« Tout c’qu’est banderoles, on les fait venir de Chine. » glisse José, un déménageur chargé de livrer le nouveau matériel au Ministère. « Y’en a ‘core quinze ou vingt mille qui devraient arriver par containers de Shanghaï d’ici une quinzaine, et après on s’ra bon. »

D’après un communiqué récent, la prochaine manifestation devrait avoir lieu lundi prochain sur la plaine de Bougeoir, dans le Larzac, entre 16 heures et 18 heures. Motif de la manifestation ? La loi sur la réforme des universités, la réforme des régimes spéciaux et l’interdiction de fumer dans les restaurants, trois textes qui ont fait grand bruit ces dernières semaines.

« On a choisi un lieu désert, pour ne pas embêter l’monde, v’voyez. » explique Ghislain Meunier, organisateur de la manifestation. « La manif devrait se terminer vers dix-huit, dix-neuf heures. Bien entendu, on a prévu une petite altercation avec les CRS, pour mettre un peu d’animation et garder les gars en forme, mais rien de bien méchant. »

« On ne veut surtout pas déranger. » confirme Robert, militant Sud-Rail qui devrait participer à la manif. « M. de Valatte a été très clair là-dessus. »

D’après un sondage CSA/Le Figaro publié ce matin, 95% des Français approuvent la réforme, et 98% jugent qu’elle aura un impact positif sur leurs vies. Quant aux 2% restants, Marcel de Valatte les invite à participer à la prochaine manifestation.

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